Pour comprendre l’impact de l’éclairage nocturne sur la biodiversité il faut juste penser au rôle de la lumière comme horloge biologique. Qu’il s’agisse des cycles journaliers ou saisonniers, tout être vivant est concerné par les rythmes qu’ils imposent.
Les expériences ont montré qu’un humain, coupé de ce rythme journalier, perdait la notion du temps.
La culture sous serre met en évidence le forçage par une durée d’éclairage plus importante pour tromper la plante sur la période en cours.Le même résultat est obtenu avec des mammifères pour faire glisser les périodes de gestation.Des arbres éclairés la nuit ne voient pas l’hiver arriver. Ils tardent à perdre leurs feuilles et à gérer la circulation de leur sève. Si un coup de froid survient ils sont fragiles. De même si une maladie se déclare. La pêche au lamparo illustre l’attirance de la lumière sur les poissons et les calmars…
Aujourd’hui on parle aussi de trame noire car une trame verte ou bleue éclairée n’est pas utilisable par la faune. La Trame noire est un ensemble connecté de réservoirs de biodiversité et de corridors écologiques dans les différents milieux. Son identification sur le terrain tient compte d’un niveau d’obscurité suffisant pour la biodiversité nocturne.
La connaissance de la trame noire existante et « idéale » fait l’objet d’une étude dans les plans d’urbanisme. L’étude porte d’abord sur les zones éclairées associées aux horaires d’éclairement. Elle met en évidence les points positifs (comme une extinction au cœur de la nuit) et les ruptures (pas d’extinction, forte intensité lumineuse, présence d’éclairage en lisière de réservoir de biodiversité, éclairage de milieux humides…). Ce travail s’appuie aussi sur la connaissance des zones à enjeux (réservoirs de biodiversité connus ou potentiels, trames verte et bleue) et s’attache à identifier les conflits éventuels en croisant les deux approches : connaissance de la biodiversité locale (donc des continuités écologiques) et connaissance de la gestion de l’éclairage dans et à proximité de ces zones.
🌙 Mais dans les zones habitées le noir complet et permanent est difficilement acceptable. De plus même une zone sans éclairage subit les conséquences de l’éclairage du voisinage. L’analyse complète de la trame noire dans le but de la rendre vraiment efficace est donc complexe car, en plus de protéger les continuités écologiques, il faut combiner trois axes afin de gérer au mieux l’éclairement partout :
- L’axe technique qui dépend des appareils d’éclairage existants
- L’axe spatial qui doit tenir compte de la position de ces appareils et de leurs conséquences
- L’axe temporel qui prend en considération les horaires et la durée de l’éclairement